Un vibrant hommage a été rendu à Nelson Mandela, samedi soir à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïeh, au cours d'un spectacle riche en couleurs, fusionnant chants, danse, musique et images, baptisé Madiba, avec la présence remarquée du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, d’ambassadeurs africains et de diplomates…

 

Un vibrant hommage a été rendu à Nelson Mandela, samedi soir à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïeh, au cours d'un spectacle riche en couleurs, fusionnant chants, danse, musique et images, baptisé Madiba, avec la présence remarquée du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, d’ambassadeurs africains et de diplomates…

Le fil conducteur liant la "grande" histoire à la "petite", ce sont les croquis du héros, dessinateur victime de l'apartheid et amoureux d'une jeune fille qu'il pense ne jamais pouvoir aimer au grand jour, en raison de la différence de couleur de peau.

La volonté de l’auteur, Jean-Pierre Hadida, est né en 1960 à Oran, et Alicia Sebrien, la co-auteure et le metteur en scène Pierre-Yves Duchesne est de retracer l'histoire récente du pays et de l'homme politique, tout en racontant la romance entre la fille d'un Afrikaner et un Noir. Organisée sous l’égide du ministère de la Culture, par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et l’ONDA, cette comédie musicale, à l’affiche samedi dernier à l’Opéra d’Alger, est un spectacle généreux en couleur qui rend hommage à Nelson Mandela à travers une histoire d’amour, au départ impossible entre Helena, jeune blanche Afrikaner et William, jeune artiste Noir, victime de l’apartheid, qui, dans la lumière de Madiba, vont combattre pour leurs idéaux. Le spectateur se laisse emporter par le message de Madiba. Avec Madiba, Jean-Pierre Hadida a octroyé l’émotion qu’il avait su imprégner au musical sur Anne Frank. Ainsi, le duo a créé une intrigue digne d’un conte pour enfants, une histoire racontée par la découverte d’un carnet de croquis dessinés par William, un jeune artiste victime de l’apartheid. C’est donc l’histoire de ces deux jeunes que tout oppose mais qui vont trouver la force de vivre leur amour à travers les combats de Mandela. Une vie entièrement consacrée à la cause qu’il défendait.

Sur scène, la vingtaine de comédiens alternent des tableaux de danse associant différents styles ; chœurs traditionnels zoulous s’alternent avec des chansons d’amour éternelles et des titres rythmés et rassembleurs, aussi on y trouve du slam, du gospel et de la musique pop… des titres rythmés et rassembleurs. Un métissage bienvenu qui se lie également à travers la troupe des artistes, reflet parfait de la population d'Afrique du Sud. Sur scène, on apprécie les voix impeccables des personnages principaux incarnés, à l’exemple de Nelson Mandela, Helena Van Leden, William Xulu (l’amoureux de Helena), Sam Onotou, Sandy Xulu (l’épouse de Sam et servante chez les Van Leden), Peter Van Leden (père de Helena et chef de la police). Il est à peine 19h15 quand tous les spectateurs sont déjà installés à leurs places. L’impatience se fait déjà ressentir en chacun des arrivants, quelques minutes plus tard, les lumières s’assombrissent, le musical commence.

Dès les premières secondes, un homme apparaît dans le public. Il s’agit du narrateur du spectacle qui, tout au long du tableau, nous racontera l’histoire renversante de Madiba. Tout au long de cette narration, nous accompagnions l’histoire saillante de chaque personnage par leurs chansons massives, leurs paroles robustes, accompagnées d’un souffle sud-africain qui fait le plus grand bien. Durant près de deux heures, Nelson Mandela était présent avec le public algérien… Difficile d'oublier les images de la libération de Nelson Mandela, en février 1990, après 27 ans de prison. Les nouvelles technologies développées, telles que le mapping et les projections, étaient au service d’une histoire qui ne tourne le dos ni au passé ni au présent.

De cette toile de fond jailliront les émotions véhiculées par les interprètes, les images d’un monde où la question d’égalité reste souvent sans réponse, celles du combat d’un homme au destin hors normes. A travers le mapping, des dates marquantes de sa vie de lutte marquaient le spectacle. En 1964, Nelson Mandela était condamné à perpétuité, mais le leader de l'ANC était déjà incarcéré depuis 1962, date de son arrestation par la police sud-africaine à son retour d'une tournée à l'étranger pour récolter des fonds.

Il passera dix-huit ans dans la prison de Robben Island, puis fut transféré en 1982 à la prison de Pollsmoor près du Cap, jusqu'en 1988. En décembre de cette année, il est transféré dans une résidence surveillée sur le site de la prison Victor Verster. Le 11 février 1990, il est enfin libéré après 27 années de captivité, triste record absolu de la durée d'emprisonnement pour un prisonnier politique. Le 15 octobre 1995 il reçoit le prix Nobel de la paix pour son action en faveur du démantèlement de l'apartheid en Afrique du Sud.

Du jeune avocat au leader incontesté de son pays, un destin exceptionnel maintes fois raconté. Mais ici, il ne s'agissait pas de retracer la vie et l’œuvre de Madiba comme le surnomment affectueusement les Sud-Africains, mais juste quelques morceaux choisis.

Un parti-pris pour le metteur en scène Pierre-Yves Duchesne qui ne voulait pas verser dans un spectacle pédagogique et narratif, mais plutôt esthétique et symbolique. Malgré peu de décors visibles, Madiba brille par son teint coloré et revigorant provenant tout droit d’Afrique du Sud. Avec un rideau blanc en fond de scène et des projections diverses sur l’histoire de Nelson Mandela, le musical nous raconte une histoire à la fois tragique et délivrante. Derrière cette lutte du grand homme, Madiba nous plonge au cœur d’une histoire d’amour impossible.

Il est Noir, il s’appelle Sam, c’est un résistant victime de l’apartheid. Elle est Blanche, elle se prénomme Héléna, c’est la fille d’un homme respecté, ils s’aiment malgré leurs différences. Le public était sous le charme d’un spectacle total, mariant le chant, la danse, la musique et les images, dans lequel les trois notions du temps s’entrechoqueront comme  hier, aujourd’hui et demain.

Sihem Oubraham,
Journal El Moudjahid

http://www.aarcalgerie.org/fr/?p=1543

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